The Hour
Deux saisons disponibles actuellement sur Arte.tv
Série de 2011 de Abi Morgan tourne autour d’une émission d’actualités phare de la BBC dans les années 1950
Une série souvent comparée à Mad Men
La comparaison avec Mad Men. Oui…mais non, les deux séries reflètent la société, les mœurs des années 1950, aux Etats-Unis pour Mad Men, en Angleterre pour The Hour. Dans les deux cas, la reconstitution est minutieuse. Les costumes, les lumières, les décors sont à la hauteur du propos mais une différence majeure demeure à mon sens. Mad Men met en scène un monde d’hommes qui disposent de tout le pouvoir, il faut de très nombreuses saisons avant que la femme s’affirme enfin. Alors que les personnages féminins de The Hour prennent des coups vis-à-vis du pouvoir politique de leur hiérarchie à la BBC mais gardent le cap sans fléchir. Chacune à sa manière, l’une en productrice d’émissions d’actualités, l’autre comme simple secrétaire qui ose le mariage inter racial dans un Londres gangrené par le nationalisme raciste de Mosley. Par ailleurs, la femme délaissée du présentateur vedette de l’émission devient à son tour une femme de télévision, populaire et moderne.
Le casting
On retrouve avec une grande jubilation la carrure et le sourire rayonnant de Dominic West qui nous avait éblouis dans de The Wire. Il incarne ici un présentateur pétri d’ambitions mais incapable de résister aux jolies jeunes femmes.
Ben Whishaw, immense acteur aux frêles épaules qui avait donné vie au poète Keats dans le superbe Bright Star de Jane Campion, incarne ici un journaliste passionné, érudit et impossible à vivre. Un cocktail parfait pour créer de la tension dramatique, n’est-ce pas ?
Romola Garai que je connais mal mais que j’ai découverte avec plaisir est une jeune journaliste promue productrice TV à une époque où les femmes ne sont pas prises au sérieux et sans cesse renvoyées à leur supposée nullité ou pire encore. Leur légitimité est sans cesse remise en question. Malgré le succès de l’émission The Hour, Bel Rowley doit toujours s’affirmer et revendiquer sa place et son rôle essentiel comme chef d’orchestre du programme.
De quoi parle The Hour ?
Comme souvent dans les séries britanniques de qualité, on retrouve une description précise des rapports de classe. Ici, Hector Madden, l’ambitieux anchorman qui présente The Hour ne doit sa place dans un premier temps qu’à l’entregent de son beau-père face à Freddie Lyon, jeune journaliste incontrôlable et talentueux qui lui ne doit sa place qu’à ses compétences et sa pugnacité.
D’ailleurs, le milieu dans lequel il va mener une enquête au cœur de la saison 1 est à cheval entre l’aristocratie anglaise qu’il connait bien par ailleurs et le gouvernement qui est composé de nantis également.
Cela fait penser, pour le meilleur, à Downton Abbey, même si ce n’est pas sujet central. Ici, il est questions de rapports de force, de la place des femmes dans la société d’après-guerre, de liberté de la presse et bien sûr d’histoires d’amour contrariées. Quel meilleur matériau pour tisser une intrigue intéressante ? Surtout si on les saupoudre de flegme et d’humour britanniques !